Nombreux sont les auteurs débutants ou passionnés de littérature de l’imaginaire qui se demandent dans quel genre classer certaines œuvres mythiques. Et parmi elles, Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien est souvent au cœur du débat. Est-ce une œuvre de fantasy, ou relève-t-elle du fantastique ?

La confusion vient souvent d’une mauvaise compréhension des genres. Car bien que proches sur certains aspects (présence d’éléments surnaturels, symbolisme fort, dépaysement), la fantasy et le fantastique reposent sur des logiques profondément différentes.

Dans cet article, nous allons décortiquer les mécanismes narratifs, les caractéristiques du monde créé par Tolkien, et replacer l’œuvre dans son contexte littéraire. L’objectif est double :

  • Vous aider à mieux comprendre les genres,
  • Et surtout à mieux classer vos propres créations fantasy, pour qu’elles gagnent en cohérence et en impact.

Sommaire

  • Les fondements de la fantasy et du fantastique
  • Pourquoi Le Seigneur des Anneaux est une œuvre de fantasy
  • Comment cette distinction peut guider la création de votre propre monde fantasy
  • Questions fréquentes

Les fondements de la fantasy et du fantastique

Deux genres de l’imaginaire, deux logiques opposées

Avant de trancher sur le cas de Le Seigneur des Anneaux, il est essentiel de définir clairement les deux genres.

  • Le fantastique est un genre qui repose sur l’irruption du surnaturel dans le réel. Le monde semble ordinaire, familier… jusqu’à ce qu’un événement étrange vienne troubler l’ordre établi. Le personnage (et le lecteur) ne sait pas si ce qu’il vit est réel, une illusion, ou le fruit de sa folie. Il y a un doute permanent.
    Exemple typique : Le Horla de Maupassant ou Shining de Stephen King.
  • La fantasy, au contraire, propose un monde où le surnaturel est normalisé. Dragons, magie, créatures mythiques… tout cela fait partie intégrante de l’univers. Il peut s’agir d’un monde entièrement inventé (comme la Terre du Milieu), ou d’un monde réel avec une couche magique intégrée (urban fantasy).
    Exemple : Harry Potter, Eragon, Le Trône de Fer.

Les critères principaux pour faire la distinction :

  • Contexte du récit : réel (fantastique) ou inventé (fantasy) ?
  • Place du surnaturel : rupture perturbante ou élément normalisé ?
  • Réaction des personnages : scepticisme et peur, ou acceptation ?
  • But du récit : faire douter ou faire rêver ?

Avec ces critères en main, nous allons pouvoir analyser l’univers de Tolkien.

Pourquoi Le Seigneur des Anneaux est une œuvre de fantasy

Un monde entièrement inventé

Le premier indice est évident : Le Seigneur des Anneaux se déroule dans un monde secondaire, la célèbre Terre du Milieu. Ce monde n’a aucun lien direct avec le nôtre, et possède ses propres peuples, langues, cartes, époques historiques, mythologie, cosmologie et même généalogies.

C’est typique de la high fantasy (ou médiéval fantastique, selon les traductions francophones), un sous-genre de la fantasy où l’univers est totalement construit par l’auteur.

La magie est un élément accepté de l’univers

Dans Le Seigneur des Anneaux, la magie n’est pas un événement perturbant. Elle est présente dès le début, avec Gandalf, les anneaux de pouvoir, les elfes immortels, les arbres qui parlent… Aucun personnage ne doute de leur réalité. La magie est acceptée, normée, intégrée dans les fondements du monde.

C’est le cœur même de la fantasy : le surnaturel fait partie des règles du monde.

Une quête épique et symbolique

Autre marqueur fort : le schéma narratif. Nous sommes dans une quête initiatique, avec un héros (Frodon) qui doit traverser les épreuves, affronter le mal, résister à la tentation… Le tout dans un monde en guerre, avec des enjeux cosmiques.

Ce type de récit est hérité des épopées antiques et des récits arthurien : il s’agit clairement de l’héritage du mythe, que la fantasy moderne a repris et adapté.

👉 Il n’y a aucun doute ici : Le Seigneur des Anneaux coche toutes les cases de la fantasy, et n’en partage aucune avec le fantastique.

Comment cette distinction peut guider la création de votre propre monde fantasy

Comprendre la différence entre fantasy et fantastique n’est pas qu’une question académique. C’est un outil puissant pour les auteurs en devenir.

Pourquoi c’est essentiel ?

  • Parce que cela vous aide à structurer les règles de votre monde.
  • Parce que cela vous permet de choisir le bon ton narratif.
  • Et surtout, parce que cela évite les incohérences qui brisent l’immersion.

Si vous écrivez un monde médiéval fantastique, alors la magie doit y être cohérente, codifiée, et acceptée par les personnages. Vos lecteurs attendent une logique interne forte, même si elle est différente du monde réel.

À l’inverse, si vous optez pour une ambiance fantastique, vous devrez jouer sur le doute, l’ambiguïté, et la peur du surnaturel. Ce qui implique un tout autre traitement du récit.

Quelques conseils concrets pour vos projets fantasy :

  • Construisez un monde complet : cartes, mythes, langues, peuples… comme l’a fait Tolkien.
  • Définissez les règles de la magie : qui peut l’utiliser, à quel prix, avec quelles limites ?
  • Choisissez votre sous-genre : high fantasy, dark fantasy, fantasy urbaine, etc.
  • Lisez des maîtres du genre : Tolkien, bien sûr, mais aussi Le Guin, Sanderson, Pratchett, Rothfuss…

La cohérence de votre univers commence par la clarté de votre intention narrative.

Questions fréquentes

1. Le Seigneur des Anneaux est-il un roman de fantasy ou de fantastique ?
C’est un roman de fantasy, plus précisément de high fantasy. L’univers est inventé, la magie y est normale et intégrée.

2. Quelle est la différence entre fantasy et fantastique ?
Le fantastique introduit le surnaturel dans notre monde réel et joue sur le doute. La fantasy se déroule dans un monde où le surnaturel est accepté.

3. Harry Potter, c’est de la fantasy ou du fantastique ?
Harry Potter est généralement classé en fantasy, même si son début rappelle le fantastique. Une fois la magie révélée, elle devient normale dans l’univers.

4. Est-ce que la fantasy est forcément médiévale ?
Non. Il existe plusieurs types de fantasy : médiévale, urbaine, futuriste (science-fantasy), etc. Mais le médiéval fantastique reste le plus populaire.

5. Puis-je mélanger fantasy et fantastique dans mon roman ?
Oui, mais cela demande une grande maîtrise narrative. Il faut que les transitions soient fluides et que le lecteur comprenne la logique du monde.

Conclusion

Le Seigneur des Anneaux est sans conteste une œuvre fondatrice de la fantasy moderne, et non du fantastique. Comprendre cette distinction vous aidera à créer un monde cohérent, à maîtriser le ton de votre récit, et à mieux vous situer dans le paysage littéraire. En tant qu’auteur passionné de mondes fantasy, vous avez tout intérêt à vous inspirer des grands maîtres comme Tolkien… mais en gardant à l’esprit les bases de votre propre univers.